Une chronique comme tant d'autres ...

Les Morts-Vivants, le Fléau et leur démente violence, cette vermine rampante animée par la seule soif de destruction, les dévoreurs Sombres et leur dessein terrifiant, les abominations engendrées par l'horreur de la mort, tous ces qualificatifs, plus aucun être ne peut l'ignorer. La désolation causée par ces hordes de guerriers en décomposition est ancrée dans la mémoire de chacun et plus particulièrement de ceux qui ont pu côtoyer de près ses monstres assoiffés de sang, répandant la terreur parmi les guerrier comme les fermiers sans défense ...

Mais durant cette "guerre", certaines victimes ont perdu plus que des propriétés matérielles, des personnes chères ou même la vie, certaines victimes sont désormais comme moi, perdues au fond de l'armée grouillante des morts-vivants, contre leur gré mais ne pouvant agir autrement. Vous savez très certainement que pour chaque massacre que produit cette armée morbide, des centaines de guerriers rejoignent leurs rangs grâce à la magie des Seigneurs Liches. Mais savez-vous que certains des guerriers que vous avez peut-être pourfendus, affrontés et purifiés étaient en réalité conscient de vous faire face, de se battre contre un ancien ami, un ancien frère d'armes.
L'Armée des Morts est constituée de groupes, tous dirigés par les puissances les plus développées : Seigneurs Liches, de l'Effroi ou des Cryptes ainsi que les Chevaliers de la Mort, jadis fiers guerriers de l'Armée Humaine, désabusés et manipulés par la puissance Nécromancienne. Cependant, une unité de cette armée repoussante reste dans l'Ombre, méconnue mais diablement efficace, commandée par Kel'Karmath.

La puissance de l'Armée des Cryptes repose entièrement sur la force brute, les morts n'ayant aucune conscience, il est difficile de diriger la vermine et le surnombre est donc le facteur clé des Morts-Vivants. Or la liche Kel'Karmath mit au point une technique qui lui permettait de contrôler les mourants, insufflant en eux la nécromancie et la magie des Arcanes Ténébreuses, les ravissant ainsi à la Faucheuse et pouvant s'en servir comme d'une arme totalement assujettie mais disposant encore de conscience, intelligence et subtilité. Ces victimes ne pouvaient aller contre la volonté de leur "Sauveur" Kel'Karmath mais disposaient toujours de leurs principes et ne pouvaient lutter contre les actes abominables que leur faisait commettre la Liche. Massacrer leurs congénères, assassiner femmes et enfants, brûler les guerriers était leur lot quotidien et les larmes qui coulaient le long des joues de ces damnés n'étaient que pur désespoir, enfermés dans un corps sans vie, dans une cage magique piégeant leur esprit, oeuvrant contre leur volonté propre.

Si vous ne l'aviez pas encore compris, ces guerriers, ces pauvres bougres ... J'en fais parti et ce que vous lisez ici est mon histoire. Vladimir, pauvre fermier, maudit par les Morts et abandonné par les Dieux.

J'aurais tant voulu continuer à vous raconter mon histoire, cependant le "devoir" m'appelle ... Oh bien, sûr, je pourrais continuer à parler pendant ma "mission" mais vous ne pourriez lire l'inénarrable chagrin qu’arbore mon visage à chaque fois que Kel'Karmath nous lance contre un de ses pauvres villages dont nous faisions jadis parti. Je me tais, vous permettant d'apprécier le tragique de la situation.

L"homme" était d'une pâleur fantomatique, s'il ne parlait pas : on aurait pu croire qu'il était mort. Mais ... La parole est-elle un gage de vie ? Un long manteau noir, émacié, pendait sur ses épaules squelettiques cachant son corps et ses membres. On ne distinguait que légèrement son visage de porcelaine, blanc et limpide mais aussi froid et impénétrable. Un regard dur et un sourire désabusé terminait ce tableau terrifiant d'un Homme qui n'est plus qu'une Ombre.

D'autres Guerriers le rejoignirent rapidement, tous se ressemblaient et étaient mû d'une même volonté d'obéissance et de discipline : un rang, un groupe, aucun ne se dissociait. Pas un seul de ses "hommes" ne semblaient ni sortir du lot, ni plus banal que les autres. Le malaise régnait sur cette cohorte affreuse, cette armée qui n'en était plus une. L'Armée Ténébreuse marchait d'un seul pas vers leur cible endormie : un bastion de miliciens peu alertes, en pleine terre insoumise. Cette troupe hétéroclite comptait parmi ses rangs beaucoup d'humains ainsi que quelques nains assoupis sur une table, sans doute imbibés de bière et autres alcools. Certains chantaient quelques hymnes paillards en levant leur choppe et en faisant tinter leur armure. D'aucun ne se doutait que des ennemis mortels se faufilaient silencieusement entre les barricades et autres obstacles dressés autour de la tour de guet, un sourire triste sur les lèvres et une envie de meurtre au fond de l'oeil ...

A SUIVRE