Bestiale émergea de sa torpeur lentement, il se retourna sur sa couchette cherchant de la main le corps de celle qu'il aimait, afin d'effleurer sa voluptueuse silhouette de ses doigts agiles, faisant frémir sa peau d'une douce caresse. Mais ce matin, sa main ne rencontra que de l'air lourd, chargé de sanglots et de sang, une atmosphère pesante, angoissante. Il se leva alors d'un bond, cherchant sa bien aimée du regard, avant de se rendre compte qu'elle n'était pas là … Cela faisait plusieurs jours qu'il était en guerre et qu'elle n'avait pas pu le rejoindre. Elle lui manquait terriblement : sa voix, son sourire … son parfum. Rejetant sa mèche en arrière , il maugréa quelques insultes peu glorieuses et ramassa son arme au sol tâchée de sang. Il tâta ses côtes, constatant avec mépris et dépit la blessure que lui avait infligé Raph la veille. Ces imbéciles de TOTEM, lança-t-il en sortant de la pièce aménagée dans le palais B.B.
Les blessés se pressaient dans les couloirs, cherchant en vain un soigneur expérimenté au recoin d'une pièce. Les RISE et leurs chiens infligeaient de lourdes pertes chez les Héros d'Elendra et leurs alliés : lui-même avait déjà fait un aller-retour au royaume par le plus rapide chemin … Il passa la main sur son front déjà ruisselant de sueur, l'air était vraiment moite, la guerre faisait rage et plus le temps passait, plus l'air se chargeait de la chaleur des sorts et des fracas d'armes, mais aussi de l'odeur de mort si caractéristique. S'ils abandonnaient, cet endroit deviendrait rapidement un désert, seulement peuplés par quelques monstres rôdeurs et les gravats de ce qui était aujourd'hui leurs palais. Bestiale aperçut Illidane et Vorondil qui parlaient et paraissaient assez agités, de ce qu'il put entendre : Illidane avait contacté les Seigneurs d'Avalon mais ceux-ci n'avaient pas daigné leur répondre … Pourtant, sans l'aide d'alliés extérieurs, ils seraient perdu. Bestiale passa son chemin, encore plongé dans ses pensées, emplies du visage souriant de son ange et l'esprit titillé par les souvenirs de ses caresses rassurantes.
Il s'arrêta devant une fenêtre et posa ses coudes sur le rebord, essuyant du regard les terres qui s'offraient devant lui : elles étaient maintenant couvertes de flammes dévorantes, d'hommes arme au clair et de râles d'agonie qui montaient puis s'éteignaient dans le fracas des combats. Bestiale eut une grimace, sa blessure s'était rouverte et le sang écarlate commençait déjà à baigner sa tunique : depuis que Naelynn était parti plus au sud, il avait de plus en plus de mal à réprimer cette douleur qui le hantait et ces blessures à peine suturées qui se rouvrait sans cesse. Il regrettait de ne pas l'avoir retenue … Il aurait encore bien besoin d'elle. Il n'avait même pas pu lui dire au revoir, celle-ci étant parti sans l'avoir prévenu, il la regrettait, sa présence l'apaisait et il ne se lassait jamais de la compagnie de son amie. Mais le temps n'était toujours pas aux regrets et il devait repartir au sein du conflit, épaulant ses compagnons et amis contre ces lâches qui abattaient systématiquement les plus faibles …
Pensant encore à son ange, il descendit les escaliers et sortit des murailles, l'arme au poing et la mana échauffée. Il ne mit que quelques minutes avant d'apercevoir un TOTEM en embuscade près d'un groupe B.B : il fondit en un instant sur sa position et l'étrangla de sa langue de feu. Son corps tomba en une masse flasque et inconsistante. « Un de moins », pensa-t-il, « Et il y a encore du boulot ».